Exploitation sexuelle
On entend par exploitation sexuelle des mineurs le fait de contraindre, de persuader ou d’engager une personne de moins de 18 ans à participer à un acte sexuel, au commerce du sexe ou à la pornographie, avec ou sans son consentement, en échange d’argent, de drogues, de logement, de nourriture, de protection, d’autres nécessités ou pour toutes autres considérations.
Premier contact : Le recrutement se fait dans des endroits où se tiennent les jeunes comme les cinémas, les arcades, les parcs, les réseaux sociaux et autres. La personne qui recrute trouve quels sont les besoins de la jeune pour pouvoir les combler à la prochaine étape; les avantages.
Les avantages : Lors des premiers contacts, la jeune prend conscience de tous les bons côtés que peut lui amener la fréquentation de ce gang et de cette nouvelle relation amoureuse (aventure, liberté, sécurité, valorisation, de nouveaux amis qui «l’acceptent» comme elle est, cadeaux, drogue, etc.). Le proxénète tentera de combler les besoins de la jeune afin de faire tomber la méfiance et, ainsi, créer un fort désir de vouloir être avec eux.
L’engagement : À cette étape, la jeune fille est amenée, par ses nouveaux amis et son nouveau « chum », à franchir une nouvelle étape qui lui permettra d’acquérir sa place au sein du groupe. Souvent, le proxénète et les membres du groupe font miroiter les aspects positifs, à la jeune, que son engagement lui procurera. À ce moment, elle vivra une forme d’initiation souvent sous forme d’agression sexuelle collective, le « gang bang ». Cette initiation a pour but de brouiller les repères de l’adolescente au niveau d’une sexualité saine où plaisir, complicité, respect et confort sont, normalement, au rendez-vous. Cependant, le « gang bang » est souvent présenté comme une relation sexuelle par les membres du gang. En ce sens, il s’agit souvent d’une étape de confusion où la fille ressent un malaise, en lien avec la violence et la « relation sexuelle » vécue, et de la fierté, puisque les membres du groupe la valorisent en lien à l’initiation vécue. En fait, c’est un pas de plus vers l’exploitation sexuelle.
Lune de miel : Étape où la fille tente d’axer uniquement sur le positif de faire partie de la gang en mettant de côté le négatif. Les membres du gang, à leur tour, tentent de lui faire vivre tous les attraits et le plaisir à faire partie d’une gang (sentiment d’appartenance, valorisation, relation amoureuse, liberté etc.) De plus, elle participe de plus en plus aux activités du gang, dont la prostitution.
Situation de crise : La fille ressent un grand malaise en lien avec les difficultés rencontrées dans les activités du gang. Angoisse et peur sont au rendez-vous, car la violence se fait de plus en plus présente dans la gang, mais aussi dans son couple. Suite à un épisode de crise (dépendance à la drogue, ITSS, grossesse et/ou avortement non-désirés, etc.), la fille réalise que le gang de rue et sa relation amoureuse ne répondent peut-être pas à ses besoins.
Réflexion et ambivalence : Suite à la période de crise, elle est confrontée à une situation qui ne lui convient pas. Cela l’amène dans une période de réflexion, mais souvent, à cette étape, la jeune peut être victime de violence, de menaces et avoir développé une dépendance face au gang, ce qui lui fait vivre de l’ambivalence et peut l’amener à axer davantage sur les côtés positifs. Elle devra donc évaluer les différents gains et pertes en lien avec le fait de quitter ou de rester au sein du gang. D’ailleurs, le quitter signifie une rupture amoureuse, dans la plupart des cas, ce qui peut rendre la prise de décision difficile.
La reprise des activités : Il arrive que certaines filles décident de rester au sein du gang et plusieurs raisons peuvent expliquer leur choix. Son « chum » peut redevenir mielleux avec elle ou la faire sentir coupable pour la situation de crise. La peur peut aussi maintenir la fille dans le gang, car elle peut recevoir des menaces de violence, du chantage et autres.
La coupure : La coupure implique beaucoup pour la jeune, car elle devra se trouver de nouveaux amis et vivra, dans la majorité des cas, une rupture amoureuse. Il est important, lors de la coupure, que la jeune ait cherché du support de sa famille, des intervenants, la police, de ses anciens amis afin qu’elle ne retourne pas vers le milieu des gangs de rue.
Pensée magique
Plusieurs jeunes ne se sentent pas nécessairement touchés par la problématique de l’exploitation sexuelle, car cela semble si loin d’eux et de leur réalité. Nous entendons souvent les jeunes mentionner : « Moi, ça ne m’arriverait pas! ». Nous croyons qu’il est important de se rappeler que tout le monde peut être à risque de se faire prendre au jeu dans le piège de la manipulation. Si nous nous référons au processus d’engagement (Faire lien avec le processus d’engagement), nous pouvons voir que les recruteurs et les proxénètes utilisent plusieurs stratégies afin « d’endormir » la vigilance et la méfiance des jeunes filles. Cela dit, au départ, les jeunes filles ne sont pas conscientes qu’elles se font tranquillement recruter à des fins d’exploitation sexuelle. Au contraire, le proxénète et les membres du gang lui font souvent vivre une vie de rêve (Relation amoureuse, liberté, party, valorisation etc.) afin que celle-ci s’accroche à cette vie. Par la suite, ils l’amènent, à son insu, à vivre de l’exploitation sexuelle. Il est important de mentionner que la jeune fille accepte d’entrer dans le gang suite aux belles promesses des membres, mais cela ne signifie pas qu’elle accepte ce qui s’en suivra tel que l’exploitation sexuelle.
Bref, la pensée magique peut être un piège. En effet, le fait de croire qu’il est impossible qu’une personne puisse nous exploiter ou que cela arrive seulement aux autres peut nous rendre plus à risque de le subir, car nous sommes moins alertes aux stratégies des recruteurs et moins informés.
Qu’est-ce qu’on peut faire ?
Malgré que tous les jeunes puissent être à risque de vivre une situation d’exploitation sexuelle, plusieurs attitudes et comportements peuvent prévenir cette problématique.
- Intéressez-vous à l’entourage et aux ami (e)s de vos jeunes.
- Soyez sensibles aux changements soudains (fréquentation, vêtements, comportements).
- Encouragez votre jeune dans ses projets et dans ses passions.
- Enseignez à votre jeune à respecter les autres et à se respecter
- Informez-vous et échangez ouvertement avec votre jeune sur diverses problématiques (drogues, agressions sexuelles, sexualité, etc.)
- Lorsque vous imposez des limites à votre jeune, discutez avec lui des raisons pour lesquelles vous voulez qu’il respecte ces règles familiales et écoutez son point de vue.
- Favorisez la représentation des relations amoureuses égalitaires